Le vrai visage de saint François d’Assise et saint Ignace de Loyola

Le Pape porte avec orgueil le nom de saint François d’Assise et il est orgueilleusement héritier de la dynastie religieuse fondée par saint Ignace de Loyola, mais il n’est le témoin ni de l’un ni de l’autre.

Jésus-Christ fut le modèle de ces deux colonnes de l’Eglise, le Christ de la Passion, de la Crucifixion, de la Rédemption. Nous sommes en Semaine Sainte dans l’année du centenaire des apparitions de Notre Dame de Fatima et tant saint François que saint Ignace nous rappellent ce qui a été réellement la Passion et la Mort de la deuxième Personne de la Trinité.

Saint François ne fut ni un démagogue ni un paupériste. Si on essaye de le définir en termes abstraits, le message de François se réduit aujourd’hui à quelques formules banales reconduisant à la paix entre les peuples et à l’écologisme… quel aveuglement progressiste !Il ne fut ni un docteur de l’Église comme saint Augustin, ni un théologien comme saint Thomas d’Aquin et non plus un hommeà la vie spirituelle spéculativecomme saint Bernard ou saint Ignace.

Le moine d’Assise a laissé le témoignage d’un homme de Dieu qui a vécu l’Evangile concrètement, en se privant de tout, en aimant la Pauvreté comme Sœur, c’est-à-dire comme instrument ascétique pour se rapprocher encore plus de Notre Seigneur et non pas comme idéologie, tel que le fit, par contre, Pietro Valdo, un riche marchand de Lion qui renonça à ses biens pour aller annoncer publiquement l’Evangile qu’il avait subjectivement interprété et que le Pontife déclara hérétique en 1184.

A l’époque de saint François une barrière s’était créée dans une Église préoccupée avant tout de développer ses propres influences immanentes dans la société à travers la corruption et les choix politiques; de cette manière, les aspirations religieuses de nombreux fidèles étaient frustrées et un fort mécontentement s’insinuait par rapport au clergé.

C’est un peu ce qui se passe aujourd’hui à cause d’une Église fortement corrompue moralement et trop attentive aux dynamiques de gestion du monde. Voilà que le saint d’Assise rentre à plein titre dans les exigences spirituelles de la contemporanéité, qui ne connait pas et ne pratique plus les vertus, ces vertus théologales et cardinales qui détachent sereinement du monde, même si elles restent dans le monde. Le François mystique est le formidable antidote contre les poisons de l’immanentisme et d’une société de consommation effrénée, visant à l’assouvissement de plaisirs sensibles, de notre époque. François, tel que baptisé, a voulu atteindre la perfection indiquée par Jésus : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi» (Mt 19, 21).

Depuis sa conversion, il s’est efforcé de suivre Jésus-Christ: la vie religieuse comme imitation du Christ, ou encore mieux, comme la recherche d’une conformité encore plus étroite à Lui, dans le désir plus profond de ressembler au Crucifix. Et le Seigneur l’a récompensé: il a été le premier à recevoir les stigmates. En se retirant sur le Mont de la Verna dans le Casentino, avec quelques-uns de ses premiers camarades, pour célébrer le jeûne et l’intense participation à la Passion du Christ, le « Carême de Saint Michel Archange », le matin du 14 septembre 1224, fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, quand il priait sur un côté du mont, il vit descendre du ciel un séraphin aux six ailes de flamme et lumière, qui se rapprocha de lui en vol tout en restant suspendu dans l’air.

Entre les ailes du séraphin, François vit s’éclairer la figure du Christ avec les mains et les pieds étendus et cloués à une croix; quand la vision disparut, le frère François sentit dans le cœur une ardeur indescriptible et dans la chair les plaies de la crucifixion. Passion et crucifixion qui laissèrent les signes sur le Saint Suaire de Turin et sur le Saint Suaire d’Oviedo, lesquels ont enveloppé la même personne, comme l’a communiqué pendant ces jours une équipe d’étude de médecine légale guidée par Alfonso Sánchez Hermosillaha de l’Université Catholique espagnole de Murcia.

Après la mort de saint François, les frères mineurs célébrèrent en lui un alter Christus, définition à laquelle s’appellera l’hérétique Martin Luther – qui dans sa vie n’essaya jamais de se conformer au Crucifix: sa biographie et son œuvre, politique et non spirituelle, en sont une épreuve irréfutable – pour accuser les Franciscains d’idolâtrie à l’égard d’« un autre Dieu ».

La Vierge de Fatima vint sur la terre pour rappeler les peines souffertes par son Fils pour les âmes et pour exhorter à la conversion, au changement de vie, au renoncement, à la pénitence pour le bien des pécheurs et pour le bien du Pape. Saint Ignace de Loyola était très lié à la Vierge et au Pape. Il vécut son credo comme un militant, il fut le soldat du Christ qui défendit la doctrine catholique quand en Europe les idées luthériennes anticléricales et anti-christiques se répandaient (on pense à l’acharnement contre la Sainte Messe) avec les idées de Calvin, pendant la Contre-Réforme.

Le fondateur de la Compagnie de Jésus a le grand mérite d’avoir instruit tout le monde, le clergé et les laïcs, sur la façon de vivre en véritables chrétiens. Le chrétien ne peut pas faire abstraction de la Croix, elle est sa route et son salut : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive » (Mt 16, 24).

Il suffit de pratiquer les Exercices Spirituels de saint Ignace de Loyola, les meilleurs existant dans l’Eglise, pour se rendre compte que la vie du baptisé n’est pas séparable de la Croix, au contraire, c’est justement le Christ sur la Croix à être le centre de l’existence de tout bon chrétien et être un bon chrétien signifie bien vivre et bienmourir.

Dans la première annotation introductive, le fondateur des Jésuites écrit : « Par ce mot, Exercices Spirituels, on entend toute manière d’examiner sa conscience, de méditer, de contempler, de prier vocalement et mentalement, et les autres opérations spirituelles. En effet, comme se promener, marcher, courir, sont des exercices corporels : de même les différents modes de préparer et de disposer l’âme à se défaire de toutes ses affections déréglées, et après s’en être défait, à chercher et à trouver la volonté de Dieu dans le règlement de sa vie, en vue de son salut, s’appellent exercices spirituels ».

Aux pieds de la Vierge de Monserrat, Ignace de Loyola laissa l’uniforme de chevalier et les armes, et décida de se retirer pendant des mois en prière et en pénitence dans la grotte de Manresa, où la Vierge Marie lui inspira les Exercices spirituels, grâce auxquels le fidèle peut comprendre dans son âme, en plus de toutes les autres choses admirables liées à soi et à Dieu, ce qui signifie contempler la Passion du Christ. Dans le troisième préambule de la Deuxième contemplation (Agonie, Juda, Arrestation) on dit : « demander ce que je veux obtenir, ce qu’il est convenable de demander dans la Passion, c’est la douleur avec Jésus-Christ dans la douleur; le brisement de l’âme avec Jésus-Christ brisé dans son âme et dans son corps; des larmes, et le sentiment intérieur de tant de maux que Jésus-Christ a soufferts pour moi », il a souffert pour chacun, pris singulièrement.

Chaque aspirant à la béatitude éternelle, à la fin de la vie, se trouvera, après avoir lutté pour entrer à travers la porte étroite (Lc 13, 24), vis-à-vis avec le Juge miséricordieux, sans périphéries, sans migrants, sans luthériens… sans personne, l’âme et rien d’autre, reconnaissante à l’Eglise du Christ qui convertit et enseigne, sans simulations, à vivre en vertu, dans l’amour pour le Crucifix, dans la crainte de Dieu.

Cristina Siccardi

Fonte: Correspondance Européenne

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